• La nuit - Elie Wiesel - Les éditions de minuit (1958/2007)

    La nuit - Elie Wiesel - Les éditions de minuit (1958/2007)Elie Wiesel a écrit La Nuit en 1958, c’est-à-dire 14 ans après avoir été déporté à Auschwitz et Birkenau à l’âge de 16 ans. « Si de ma vie je n’avais eu à écrire qu’un seul livre, ce serait celui-ci » commence-t-il sa préface de la nouvelle édition, retraduite du Yiddish par son épouse 48 ans après la première parution. Cette préface est éclairante sur les intentions de l’auteur qui tente de comprendre et de faire comprendre la raison de son témoignage.

    Quels mots choisir pour dire l’indicible ? « Lesquels employer pour raconter le dernier voyage dans des wagons plombés vers l’inconnu ? Et la découverte d’un univers dément et froid où c’était humain d’être inhumain ». Le témoignage peut paraître vain puisque « seuls ceux qui ont connu Auschwitz savent ce que c’était. Les autres ne le sauront jamais ». Et pourquoi nous est-il, nous les lecteurs, si difficile de comprendre ? « Est-ce parce que le témoin s’exprime si mal ? La raison est différente. Ce n’est pas parce que, maladroit, il s’exprime pauvrement que vous ne comprendrez pas ; c’est parce que vous ne comprendrez pas qu’il s’exprime si pauvrement ». Elie Wiesel a écrit pour que le lecteur n’oublie pas. « Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois ».

    Lire La Nuit, c’est se poser des questions sans vouloir trouver de réponses. D’ailleurs, les questions sont plus importantes que les réponses, comme Elie Wiesel l’a appris très jeune alors qu’il était encore pieux : « chaque question possédait une force que la réponse ne contenait plus… L’homme s’élève vers Dieu par les questions qu’il lui pose. Voilà le vrai dialogue. L’homme interroge et Dieu répond. Mais ses réponses, on ne les comprend pas ».

    « Jamais je n’oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n’oublierai cette fumée. Jamais je n’oublierai les petits visages des enfants dont j’avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet. Jamais je n’oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma foi. Jamais je n’oublierai ce silence nocturne qui m’a privé pour l’éternité du désir de vivre. Jamais je n’oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert. Jamais je n’oublierai cela, même si j’étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais. »

    GLR

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