• R comme Rituel - mars 2012

    Un soir comme les autres avant, il y a quelques années seulement. Le repas était terminé, la vaisselle nettoyée, rangée, la table essuyée. Nathan attendait. Il savait qu’avant il y avait la tisane du soir, la petite cigarette grillée dehors. Nathan continuait à attendre résolument. Le livre était déjà ouvert, sur le lit. Lui aussi attendait d’être pris en main, impatiemment. La cigarette n’avait que trop duré…

    - Maman, tu viens ? Une petite voix, qui appuyait sur le premier ma, comme MA maman…

    - Oui, j’arrive, j’arrive…

    J’écrasais la cigarette. Nous montions l’escalier et nous nous installions confortablement sur le lit. Le pouce déjà dans la bouche, Nathan me montrait de son doigt libre la page à entamer. Le petit sorcier attendait que ma voix lui donne vie. Nous étions en suspension, au-dessus de Poudlard, prêts à plonger ensemble.

    Et nous plongions. Les mots nous emportaient. Nous étions dans ce train vers l’école des sorciers. Ensemble nous combattions les monstres, nous avions peur. Mais nous étions heureux avec les amis qui nous permettaient d’échapper à la bêtise de Dudley et de sa famille. Le téléphone sonnait, mais il pouvait sonner encore. Nous étions bien trop loin, volant sur le dos d’un animal magique au-dessus du village, des bois et de l’étang. Vous ne demandez pas à Superman de répondre au téléphone lorsqu’il est en train de sauver le monde d’un danger mortel !

    Le gros livre n’était rempli que de mots, mais je voyais les images des voyages dans les yeux de mon fils.

    La page s’achevait… un chapitre allait commencer dans quelques instants.

    - Bon je m’arrête là, à la fin de la page…

    La page s’achevait déjà, et le suspense demeurait insupportable… Nathan me regardait de ses grands yeux qui commençaient à papillonner mais s’efforçaient de tenir, tenir…

    - S’il te plaît, Maman, juste une page…

    Je riais, déjà à moitié consentante. Nathan riait, il savait qu’il y aurait une suite.

    - Bon, on ne peut pas laisser tomber le soldat Harry.

    L’heure était grave. Il fallait combattre Celui dont on ne doit pas dire le nom et j’allais rendre les armes ? Impossible, voyons… Je relevais le défi. Et nous entamions la nouvelle page. Nous étions armés de nos formules magiques plus ou moins efficaces contre les êtres néfastes qui jaillissaient et se déplaçaient en valsant autour de nous. Nous devions combattre notre peur pour éloigner ceux dont le souffle glacial pouvait aspirer notre âme. Quand la frayeur était écartée, Nathan se détendait et glissait contre moi. Je sentais sa chaleur s’accroître sur mon bras. La tête dodelinait. Il s’endormait en murmurant

    - Encore une page s’il te plaît, Maman, la dernière…

    Nous avions lu au moins cinquante pages. Il était tard, souvent. Effrayés mais vaillants, nous avions mené de grandes aventures ensemble, côte contre côte. C’était il n’y a pas si longtemps.

    BBLR


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