• Apprendre à partir - mai 2011

    La grande aiguille de la pendule de la gare avait rejoint la petite. Il était midi. Je regardais le tableau des départs qui venait de se renouveler. Les petites lucarnes tournaient et ma destination aléatoire allait s’afficher d’un instant à l’autre. Brève montée d’adrénaline - pourvu que ce ne soit pas Sarreguemines !

    Barcelone, départ 12h07, voie 24. Il fallait avoir la foi, je suivrais cette première destination, sans savoir où j’irais, plonger dans l’inconnu et suivre les chemins de traverse. Mon sac à dos pesait et il fallait courir jusqu’à ce quai 24. Quelle idée saugrenue mais palpitante de prendre le premier train et de partir armée de son seul sac à dos. En courant je me disais que j’avais oublié de prendre un dictionnaire franco-espagnol, mais basta ! Le train allait partir. Je m’engouffrai, haletante, dans le troisième wagon et je cherchais le contrôleur pour prendre le ticket vers cet inconnu.

    Le voyage allait être long. Installée dans un compartiment, je laissais mon âme vagabonder en suivant les arbres qui défilaient rapidement, une rivière traversée, rouge après la pluie, charriant la boue et des bouts de bois, puis des champs et des champs. Bien après, Port-Bou à l’horizon. Descente du train, changement de rails et un train cahotant, encombré, l’été, les touristes, de jeunes français, allemands, hollandais, des italiens qui partaient en groupe. Eux semblaient savoir où ils allaient mais trouvaient l’expérience du hasard intéressante.

    Mektub, c’est le destin ! Et le destin croisait ce jour-là le chemin de trois personnes qui partaient faire un périple autour de Figueras. Est-ce que je voulais me joindre à eux ?

    Mektub, il n’y a pas de hasard, je les suis. Le voyage commence par un trajet, par l’éloignement de soi. Et nous voilà, après avoir échangé sur nos vies et nos visions, entassés dans le couloir du train, à partir sur ces fameux chemins de traverse à partir de Figueras, à suivre les pas des pèlerins. Il y a là Or, Orion et Goïo, prénoms incertains, qui veulent tout autant dire lumière en hébreu qu’étoile ou terre en universel et tout et rien en tout. Ils vivent différemment, dans la nature, rejoignent des communautés où ils sont accueillis autour d’un feu. Membres de l’arc-en-ciel, ils reconstruisent les maisons bleues en tipis ou yourtes pour protéger les hommes de leur propre folie. Ils vivent en essayant d’apprendre de la vie et d’eux-mêmes, et mes pas emboîtent les leurs pour un court laps de temps peut-être pour plus longtemps, Mektub. On verra. Eh ! C’est la vie.

    BBLR


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