• Coups de coeur

    Les justes d’Albert Camus, au Théâtre de l’Usine, Eragny-sur-Oise
    La pièce en cinq actes d’Albert Camus est inspirée de faits réels : en 1905 à Moscou, un groupe de révolutionnaires… [lire la suite] - 8 décembre 2012

    Aborder une Terra Nova
    Un instant de liberté… et une amie m’a emmenée dans une librairie libre comme l’air… [lire la suite] - 23 septembre 2012

    Gaël Faye, Pili pili sur un croissant au beurre
    Gaël Faye est un slameur qui écrit avec ses tripes, avec son cœur, avec fougue et avec talent… [lire la suite] - 16 septembre 2012

  • Les justes d’Albert Camus - Théâtre de l’Usine, Eragny-sur-OiseLa pièce en cinq actes d’Albert Camus est inspirée de faits réels : en 1905 à Moscou, un groupe de révolutionnaires socialistes projette d’assassiner le grand-duc Serge, oncle du tsar, touchant à travers lui le despotisme et la tyrannie.

    Chacun des personnages a un rôle à tenir dans ce complot : le jeune Yanek lancera la bombe sur la calèche ; Dora, son aimée, prépare la bombe ; Stepan est l’intransigeant gardien de l’esprit de la révolution ; Alexis se voudrait être en appui pour jeter la deuxième bombe ; Boris est le chef garant de la cohésion du groupe.

    Chacun à sa manière est une pièce indispensable du puzzle, nécessaire pour que la juste cause sorte victorieuse de l’épreuve et pour que la morale reste la seule gagnante dans ce combat qui dépasse les individualités. Mais une juste cause ne peut pas justifier tous les moyens. Jusqu’où est-il légitime d’aller pour combattre le despotisme et l’injustice ? C’est au prix du choix individuel entre le bien et le mal que l’homme peut espérer sortir vainqueur. Ainsi Albert Camus, le juste, s’oppose-t-il à l’intransigeant Jean-Paul Sartre, qui ne peut en sortir que les mains sales.

    Hubert Jappelle nous propose une option minimaliste par l’absence de décors, en se concentrant sur la mobilité des acteurs qui, par leur talent, magnifient le texte de Camus.

    Les justes d’Albert Camus - Théâtre de l’Usine, Eragny-sur-OiseLes personnages se meuvent avec fluidité sur une scène centrale carrée de 7 mètres de côté. La centaine de spectateurs est placée tout autour, très proches des acteurs et de l’émotion qu’ils savent dégager. Le spectateur voit et vit ainsi la pièce.

    La performance du jeune Yanek (Adrien Bernard-Brunel) est très convaincante. Le policier Skouratov est interprété par le metteur en scène Hubert Jappelle, tout comme Paul Œttly le fit en 1949 sur la scène du Théâtre-Hébertot lors de la première représentation de la pièce. C’est Serge Reggiani qui jouait alors Yanek et Michel Bouquet Stepan, autour de Maria Casarès, la Dora de l’époque. Les Justes obtinrent alors un « demi-succès », selon l’expression de Camus.

    L’interprétation au Théâtre de l’Usine nous donne envie de nous plonger (ou replonger) dans le texte de Camus qui pose de questions d’une grande modernité sur l’engagement, sur le discernement et sur la justice.

    GLR 

    http://www.theatredelusine.net/theatre/saison/spectacle/les-justes-cie-hubert-jappelle-28/ 

    (ou http://www.webcitation.org/6DEDwG1JH)

    Les justes d’Albert Camus - Théâtre de l’Usine, Eragny-sur-Oise


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  • Un instant de liberté… et une amie m’a emmenée dans une librairie libre comme l’air…

    Dans la rue Gambetta, à Toulouse, à proximité du Capitole !

    Un instant d’inspiration en survolant la terre, les rayonnages de bois emplis de livres du monde entier, en français, en anglais, en espagnol, en italien… on aborde la Terra Nova, une merveilleux petit café-librairie niché dans son écrin rose.

    « Totale liberté dans le choix des ouvrages », me dit ma guide, en m’embarquant sur ce rivage du sud.

    Et c’est vraiment bon de respirer un autre air…

    Au milieu de tous ces livres, on trouve des DVD que l’on ne trouve pas à chaque coin de rue… et de nouvelles ou anciennes pépites littéraires… les romans de Joseph Delteil, que je trouve ici presqu’exclusivement à la bibliothèque universitaire… les traversées du monde d’Albert Londres, de Buenos Aires aux ghettos juifs d’Europe de l’Est.

    Et près du comptoir, des revues nova… bien autre chose que la presse habituellement disponible, des revues qui s’ouvrent à un nouveau monde…

    Et si l’on souhaite continuer à respirer l’air plus libre de cette jolie librairie, asseyons-nous sur les petites tables au milieu d’étudiants, pour boire un p’tit café !

    L’air libre m’était compté ce jour-là mais si vous passez dans la ville rose, n’hésitez pas à ouvrir cette porte, pour simplement respirer… une terra nova…

    http://librairie-terranova.fr/index.php 

    Et puis, ensuite vous pourrez aller boire dans la rue des Pénitents gris, une bière du Mexique ou un thé des Azalées dans le café des langues.

    Jeux et livres à disposition, à découvrir dans une petite bibliothèque où vous pourrez laisser un livre pour en prendre un autre… Faites-tourner les pages !

    Toulouse… une Terra Nova !

    BBLR


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  • Gaël Faye - Pili pili sur un croissant au beurreGaël Faye est un slameur qui écrit avec ses tripes, avec son cœur, avec fougue et avec talent. C’est « un virevolteur de mots plein d’amertume ». On le connaissait en groupe avec Milk Coffee Sugar. Son premier album en solo, Pili pili sur un croissant au beurre, sort ce mois de septembre, et on peut apprécier ce petit bijou à travers ses concerts.

    C’est ce qu’on a fait le 4 mai dernier à la Maison des Pratiques Artistiques, petite salle parisienne à taille humaine. Une ambiance feutrée, de lourds fauteuils rouges et une salle intime pour ce premier concert en solo. La scène est toute proche, épurée, un fond noir.

    Et puis… le son d’une percussion, progressivement…

    Et puis… les musiciens, tour à tour, s’installent…

    Et puis… une voix suave, celle de Sacha, sur un rythme envoutant…

    Et puis… Gaël Faye…

      

    Gaël Faye - Pili pili sur un croissant au beurreC’est une liane  à l’allure presque adolescente qui entre. Il meut son corps dégingandé et ses mains arachnéennes avec force et fluidité…

    Un sourire lumineux, une voix rythmée nous fait accéder dans son monde de vie et de mélancolie, « écartelé entre Afrique et France ». Sur sa portée, sa voix emporte la poésie. Une porte s’ouvre sur son temple intérieur et Gaël nous invite. Gaël hisse sa voile musicale, sur le tempo de ses mots, sur son bateau qui aborde des rivages d’hier, de demain et d’aujourd’hui. Le chemin n’est pas unique, la voie n’est pas uniforme.

    Nous suivons, embarqués dans cette salle chaloupée, jusqu’au delta de nos destinées parce que :

    « Quand deux fleuves se rencontrent, ils n’en forment plus qu’un et par fusion nos cultures deviennent indistinctes. Elles s’imbriquent et s’encastrent, pour ne former qu’un bloc… d’humanité, debout sur un socle ».

    La salle se lève, la danse sur le bateau s’enivre peu à peu de ses mots au goût doux-amer.

      

    Gaël crée un univers. En empathie, il partage avec la salle ses visions du monde et nous unit-vers-celle, parfumée, des métis-sages.

    Les mots de sa mémoire, une émotion à fleur de peau… Ses mots avancent en funambule, une poésie de l’amour. La voix de Ben l’Oncle Soul nous transporte sur l’embarcation de son amour de père, vers Isimbi… « Et puis un jour, on s’amarre au-dessus d’un champ de lumière. Les amants qui s’aimèrent d’un sentiment lunaire, plongent ensemble dans l’azur au ressac éphémère et remontent à la surface une perle solaire ». Juste et sensible, il conte ses amours « parce qu’on était elle et moi, parce qu’on s’aimait à l’étroit, parce qu’il fallait être deux pour faire trois ». A travers ses mots, on devine sa femme, « une beauté qui s’ignore », et sa silhouette s’esquisse quand il clame « j’aime pas la voir partir mais j’adore la voir s’en aller ».

    Gaël Faye, mouvant et émouvant, fait se mouvoir des continents que l’on sent parfois dériver, vers une rencontre, unique, entre pili-pili et croissant au beurre. Il ne cherche pas à raccommoder les pièces mais-tisse une toile chromatique. Sommer de choisir « sa place dans un monde dichotomique », il constate : « j’ai le cul entre deux chaises, j’ai décidé d’m’asseoir par terre ». Gaël sait jouer des notes et des mots pour emmener et soigner sa mélancolie : « venez mourir comme les vagues de ma plage, venez donc lire le vague à l’âme de mes pages ».

    Poésie soignée qui gai-rit le temps. Son passé conjugué au présent, Gaël nous conte sa ville bouillonnante, tout bouge à Buja, bien que les jeunes ne semblent plus y espérer aujourd’hui qu’un visa. Gaël, dont le prénom porte une part de l’éternel, nous emmène avec lui dans son Petit pays, le Burundi, son exil en France et la mélancolie de ses après-midi sans fin sur le carrelage mosaïque de l’enfance. Un pays où « les pizzas n’ont que deux saisons ». Si pour Gaël, « l’exil c’est comme une porte d’exit », il nous confie ses rêves pour le Burundi, celui où « on fera trembler le sol dans les grondements de nos volcans, alors petit pays loin de la guerre, on s’envole quand ? »

    Gaël Faye est l’idéaliste qui vit ses rêves quand tant d’autres les étouffent. Il rappelle ce que lui disait père : « méfie-toi du cynisme, l’avenir appartient aux idéalistes ». Comme le disait Camus, seuls les idéalistes peuvent changer le monde, les autres n’en ont pas le temps. Le pianiste sur un clavier qwerty résiste et éveille les rêves fanés par les impératifs ressassés de productivité, rentabilité, utilité… un souffle loin du cynisme imposé.

    Le son flotte encore au-dessus de Paris, la nuit. Les fleuves se rencontrent dans l’air du soir… Merci pour cet instant de grâce. Un vrai diamant à découvrir dans son écrin automnal. Sortie en septembre à ne pas manquer.

    BBLR & GLR

      

    Ça y est, enfin ! Sortie ce 4 février 2013

     

    http://www.gaelfaye.com/  Gaël Faye - Pili pili sur un croissant au beurre


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