• Cinéma

    - 38 témoins - de Lucas Belvaux (2012) - avec Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia
    - Adieu Berthe - de Bruno Podalydès (2012) - Avec V. Lemercier & D. Podalydès
    - Amour - de Michael Haneke (2012) - avec J.L. Trintignant, E. Riva, I. Huppert
    - Barbara - de Christian Petzold (2012) - avec Nina Hoss & Ronald Zehrfeld
    - Bowling - de M.-C. Mention-Schaar (2012) - avec C. Frot, M. Seigner, F. Richard
    - Camille redouble - de Noémie Lvovsky (2012) - avec N. Lvovsky, S. Guesmi, J. Chemla
    - Dans la maison - de François Ozon (2012) - avec F. Luchini, E. Umhauer, K. Scott Thomas
    - Dark shadows - de Tim Burton (2012) - avec Johnny Depp & Michelle Pfeiffer
    - Et si on vivait tous ensemble ? - de Stéphane Robelin (2012) - avec P. Richard, J. Fonda,…
    - Extrêmement fort et incroyablement près - de S. Daldry (2012) - avec T. Hanks & S. Bullock
    - Indian palace - de John Madden (2012) - avec J. Dench, T. Wilkinson, M. Smith, B. Nighy
    - La terre outragée - de Michale Boganim (2012) - avec Olga Kurylenko
    - Le fils de l’autre - de Lorraine Levy (2012) - avec E. Devos, P. Elbé, J. Sitruk, M. Shalaby
    - Le grand soir - de Kerven et Delépine (2012) - avec B. Poelvorde & A. Dupontel
    - Les adieux à la reine - de Benoît Jacquot (2012) - avec Léa Seydoux & Diane Kruger
    - Les bêtes du Sud sauvage - de Benh Zeitlin (2012) - avec Quvenzhané Wallis, Dwight Henry
    - Les nouveaux chiens de garde - de G. Balbastre et Y. Kergoat (2011) - documentaire
    - Les vieux chats - de S. Silva & P. Peirano (2012) - avec B. Castro, C. Celedón, C. Saavedra…
    - Lincoln - de Steven Spielberg (2013) - avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones
    - Monsieur Lazhar - de Philippe Falardeau (2011) - avec Mohamed Fellag
    - Moonrise kingdom - de Wes Anderson (2012) - avec B. Willis, E. Norton, B. Murray
    My Sweet Pepper Land - de Hiner Saleem (2014) - avec Golshifteh Farahani & Korkmaz Arslan
    - Parlez-moi de vous - de Pierre Pinaud (2012) - avec Karine Viard et Nicolas Duvauchelle
    - Populaire - de Régis Roinsard (2012) - avec R. Duris, D. François, B. Bejo
    - Quelques heures de printemps - de Stéphane Brizé (2012) - avec V. Lindon & H. Vincent
    - Renoir - de Gilles Bourdos (2012) - avec M. Bouquet, C. Theret, V. Rottiers
    - Royal Affair - de Nikolaj Arcel (2012) - avec M. Mikkelsen, A. Vikander, M. Boe Følsgaard
    - Syngué Sabour – d’Atiq Rahimi (2012) - avec Golshifteh Farahani
    - Trois Mondes - de Catherine Corsini (2012) - avec R. Personnaz, C. Hesme, A. Dobroshi
    - Twixt - de Francis Ford Coppola (2012) - avec Val Kilmer
    - Une bouteille à la mer - de T. Binisti (2012) - avec Agathe Bonitzer et Mahmoud Shalaby
    - Une vie meilleure - de Cédric Kahn (2012) - avec Guillaume Canet et Leïla Bekhti
    - Young adult - de Jason Reitman (2012) - avec Charlize Theron

  • My Sweet Pepper Land - d'Hiner Saleem (2014) - avec Golshifteh Farahani & Korkmaz Arslan

    Le film s’ouvre sur une cour de prison, une condamnation à mort qui résume la situation d’un Kurdistan libre mais s’affirmant par une répression absurde.

    Baran, qui a combattu depuis l’âge de quinze ans pour l’indépendance, refuse d’entrer dans ce système policier. Mais il craint plus encore la tenace volonté de sa mère de le marier… et il accepte le poste que personne ne veut, dans les montagnes kurdes où seule la loi des seigneurs locaux s’impose. Comme Baran, l’indépendante institutrice Govend refuse le mariage pour aller enseigner dans ce petit village oublié.

    Entre les deux personnages, ces montagnes d’une beauté à couper le souffle qui sont aussi les lieux de passage des trafics et des conflits avec les combattantes kurdes de Turquie (là aussi la résistance se décline largement au féminin). Des paysages pierreux et sauvages qui ne connaissent qu’un écho lointain de la paix. Dans le petit village régi par la tradition du mariage précoce et un code de l’honneur dicté par le puissant chef local, le célibat de la jeune institutrice, tout autant que la volonté de Baran de rétablir la loi dérangent…

    Après son génial « Si tu meurs, je te tue » qui se déroulait à Paris, Hiner Saleem nous embarque dans la poésie des montagnes kurdes, au rythme du hang que tape Govend pour faire résonner un nouveau son contre les murailles fermées de la société villageoise. Hiner Saleem nous régale de ses dialogues et situations décalées, de sa liberté de ton pour dénoncer la situation des femmes tout autant qu’un code de l’honneur absurde. L’actrice Golshifteh Farahani est superbe, comme dans Syngué Sabour. Mais le mélange entre western spaghetti et critiques sociale et féministe, les combattantes kurdes gravures de mode et le scénario un peu attendu entre Govend et Baran, ne convainquent pas totalement et laissent un goût d’inachevé. Reste cependant dans notre mémoire le son du hang qui se répercute entre les montagnes kurdes.

    BBLR

    My Sweet Pepper Land - d'Hiner Saleem (2014) - avec Golshifteh Farahani & Korkmaz Arslan


    1 commentaire
  •  Syngué Sabour - d’Atiq Rahimi (2012) - avec Golshifteh FarahaniSyngué sabour est l’adaptation du propre roman d’Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008. Syngué Sabour signifie « pierre de patience ». Il faut que cette jeune femme en ait et qu’elle reste de marbre pour continuer à vivre avec ses deux filles dans le dénuement, délaissée par sa famille, près d’un mari dans un coma végétatif, au fond d’un quartier de Kaboul miné par les explosions et les actes meurtriers des milices. Un monde où la place de la femme est si peu enviable. Mais celle d’un homme l’est-elle beaucoup plus ?

    Elle va découvrir auprès d’un soldat timide la force de se trouver elle-même. Elle confie peu à peu à son mari inconscient toutes ses frustrations de femme, ses désirs charnels, ses aspirations et ses secrets les plus inavouables. L’interprétation de la très belle Golshifteh Farahani est remarquable.

    GLR

    Syngué Sabour - d’Atiq Rahimi (2012) - avec Golshifteh Farahani


    votre commentaire
  •  Lincoln - de Steven Spielberg (2013) - avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee JonesIl faut reconnaître à ce film une brillante interprétation, en particulier de Daniel Day-Lewis et de Tommy Lee Jones.

    Spielberg nous plonge dans les méandres de la politique américaine complexe, dans les derniers mois de pouvoir de Lincoln, 16ème président des Etats-Unis mais premier président républicain, où les Républicains conservateurs sont abolitionnistes et les Démocrates esclavagistes.

    Le film de Spielberg semble cependant réduire les enjeux de la guerre de sécession à une bataille pour abolir l’esclavage à travers le vote du 13ème amendement. Le mythe idéalisé d’Abraham Lincoln en humaniste abolitionniste est certes séduisant sur le plan cinématographique mais sans doute un peu réducteur de la personnalité mi visionnaire mi empreinte d’opportunisme du stratège politique pour qui les enjeux économiques de la guerre de sécession sont primordiaux.

    GLR

    Lincoln - de Steven Spielberg (2013) - avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones


    votre commentaire
  • Renoir - de Gilles Bourdos (2012) - avec M. Bouquet, C. Theret, V. RottiersRenoir - de Gilles Bourdos (2012) - avec M. Bouquet, C. Theret, V. RottiersSi la langue française le permettait, il y aurait un s à Renoirs. Auguste Renoir (Michel Bouquet, grandiose), perclus de douleurs et de rhumatismes, vit ses dernières années dans sa magnifique propriété de la Côte d’Azur, loin de la guerre qui fait pourtant ses ravages en cette année 1915. Sa passion pour la peinture est intacte et rien ne peut l’empêcher de reproduire sur la toile la beauté de la chair. Il n’a besoin que de peu de choses : ses pinceaux et tubes, un cadre bucolique, et surtout des modèles. La rayonnante Andrée (Christa Theret, pimpante, piquante et virevoltante) au galbe si parfait tombe ainsi du ciel : malgré son caractère effronté, il ne peut plus se passer de « son meilleur modèle » qui ravive son inspiration. Claude, son jeune fils cadet, vit comme un petit sauvageon délaissé par son père.

    Blessé, son fils Jean (Vincent Rottiers, tout en retenu) vient passer sa convalescence dans la maison familiale. Une idylle va naître entre deux tempéraments opposés : Jean le réservé et Andrée la fougueuse. Elle rêve de devenir une célèbre actrice, il ne pense qu’à se rétablir pour repartir au front. Il est tout à la fois ébloui par le talent de son père et écrasé par sa gloire. Son intérêt pour le cinématographe est pourtant déjà présent à travers les films qu’il projette pour la maisonnée.

    L’intérêt du film réside dans la beauté tranquille des paysages méditerranéens avec ses oliviers noueux, et dans l’interprétation d’un Michel Bouquet omniprésent accompagné par deux jeunes talents en harmonie complémentaire. La mise en scène picturale permet de capter le regard commun des deux Renoir sur la beauté.

    GLR

    Renoir - de Gilles Bourdos (2012) - avec M. Bouquet, C. Theret, V. Rottiers


    votre commentaire
  • Les bêtes du Sud sauvage - de Benh Zeitlin (2012) - avec Quvenzhané Wallis, Dwight HenryC’est une petite fille éblouissante de 6 ans, aux prénoms improbables de Hushpuppy (qui pourrait se traduire par « boule de pain de maïs ») dans le film et Quvenzhané dans la vraie vie, qui porte ce film à la fois onirique et réaliste. Onirique car c’est à travers ses yeux d’enfants que défilent les images : une horde d’aurochs libérée par la fonte des glaciers (les bêtes du titre), une mère chasseuse d’alligator qui allumait le feu et faisait bouillir l’eau rien qu’en frôlant la gazinière. Réaliste car des habitants misérables et délaissés sont confrontés à la tempête qui ravage la Louisiane.

    Hushpuppy vit avec un père alcoolique (Dwight Henry, également remarquable) au fin fond du bayou, dans un taudis où cohabitent chien, poules et cochons. La mère s’est enfuie et la petite fille n’accepte pas cette douloureuse absence. Elle va participer à la résistance de la petite communauté qui doit lutter d’abord contre les tourments ravageurs de la nature démontée, ensuite contre l’incurie des autorités avant tout préoccupées par la préservation des zones aisées, et dont l’aide essentiellement humanitaire et médicale est en décalage avec l’attente des rescapés. Dans cette communauté se côtoient indifféremment les blancs et les noirs, les communs dénominateurs étant l’amour de leur Bassin, l’osmose avec la nature, le dénuement et la solidarité.

    Un film plein d’énergie, de magie et d’optimisme, envers et contre tous les obstacles de la vie.

    GLR

    Les bêtes du Sud sauvage - de Benh Zeitlin (2012) - avec Quvenzhané Wallis, Dwight Henry


    votre commentaire
  •  Trois Mondes - de Catherine Corsini (2012) - avec R. Personnaz, C. Hesme, A. DobroshiAl (Raphaël Personnaz) enterre sa vie de garçon avec deux copains de travail. Dans une ambiance d’insouciance, il fauche un piéton et, pressé par ses amis, le laisse pour mort. De sa fenêtre Juliette (Clotilde Hesme) est témoin de la scène et porte secours au blessé.

    Trois mondes. Al a tout pour lui : ambitieux, il a su gommer ses origines modestes à la sueur de son front ; beau gosse, il va épouser la fille de son patron et prendre la relève de la concession automobile. Son monde s’est écroulé en un instant : il est ébranlé dans ses certitudes et rongé par sa faute. Juliette, étudiante en médecine baignant dans un milieu intello, est en pleine incertitude quant à ses sentiments. Choquée par l’accident, elle cherche à aider Véra (Arta Dobroshi), la femme du blessé, par tous les moyens et tente de retrouver le chauffard. Véra est une belle jeune femme Moldave sans papiers qui a fui la misère de son pays. Ces trois personnages, aux sentiments ambivalents et qui appartiennent à des mondes si éloignés, vont alors entrer en collision et en collusion. L’argent pourra-t-il suffire à réparer ? Peut-on compatir au dilemme de l’un et à la peine de l’autre, et tenter de réconcilier l’irréconciliable ?

    Ces trois mondes sont représentés par trois acteurs convaincants, portés par un scénario énergique qui laisse la place à la profondeur des sentiments ambigus.

    GLR

    Trois Mondes - de Catherine Corsini (2012) - avec R. Personnaz, C. Hesme, A. Dobroshi


    votre commentaire
  • Royal Affair - de Nikolaj Arcel (2012) - avec M. Mikkelsen, A. Vikander, M. Boe FølsgaardAu Danemark, en 1770, une jeune princesse anglaise Caroline Mathilde (Alicia Vikander) est donnée en mariage au fantasque roi Christian VII (Mikkel Boe Følsgaard). Elle est aussi cultivée et férue des philosophes des Lumières (Rousseau, Voltaire) qu’il est vulgaire et vautré dans la fange et la luxure. En réalité, Christian est un monarque faible perdu dans ses tourments, plus passionné de théâtre que des lois, inapte à régner sur un royaume laissé aux mains du clergé luthérien et des aristocrates qui défendent becs et ongles leurs intérêts. Un royaume convoité par une douairière ambitieuse qui cherche à placer son jeune fils pour le trône.

    Du mariage royalement forcé naitra rapidement un fils, Frédéric. L’état de santé mentale du roi incite son entourage à lui imposer un médecin à ses côtés. Le choix de Christian va se faire vers le charismatique docteur Johann Friedrich Struensee (Mads Mikkelsen), médecin allemand lui-aussi disciple des philosophes français, et qui écrits de façon anonyme des textes trop libéraux pour l’époque. Des liens étroits vont se tisser entre le roi et son médecin, celui-ci exploitant l’emprise qu’il a sur le fragile monarque pour faire voter en quelques mois les lois les plus progressistes de toute l’Europe, des avancées que Voltaire en personne salue avec enthousiasme. Des liens non moins étroits vont également se tisser entre Caroline et Johann. Une passion secrète et un amour interdit, et une trahison consentie, qui ne peuvent les mener qu’à leur perte, même si le destin du Danemark va en être bouleversé à jamais.

    Un film remarquablement bien construit, des décors et costumes somptueux, des acteurs justes, touchants et rayonnants de finesse. Du grand art.

    GLR

    Royal Affair - de Nikolaj Arcel (2012) - avec M. Mikkelsen, A. Vikander, M. Boe Følsgaard


    votre commentaire
  •  Populaire - de Régis Roinsard (2012) - avec R. Duris, D. François, B. BejoOn est en 1958. Rose Pamphyle (Déborah François) est une jeune femme provinciale qui tente d’échapper à sa condition, un mariage arrangé par son père avec le garagiste du coin, en cherchant à devenir la secrétaire d’un petit assureur guère moins provincial, Louis Echard (Romain Duris). Une garantie d’émancipation féminine.

    Louis est immédiatement subjugué par… la vitesse avec laquelle elle effleure la machine à écrire de ses deux index. Il l’embauche moins pour ses talents de secrétaire que pour en faire une championne olympique de vitesse dactylographique, sa petite frappe en quelque sorte. Il devient plus son entraîneur que son employeur, et va l’entraîner vers la gloire du clavier véloce. Difficile d’avoir une touche de sympathie pour cet exploiteur de lettres frappées avec célérité.

    Romain Duris semble content de lui et Edith Mitchell joue comme à son habitude. Heureusement, Bérénice Béjo est plutôt convaincante et toujours aussi jolie, et Déborah François, malgré un rôle peu passionnant, réussit à rester pleine de fraîcheur. C’est gentillet, on passe un bon moment, mais on oubliera ce film avec la vitesse de 516 lettres par minute.

    GLR

    Populaire - de Régis Roinsard (2012) - avec R. Duris, D. François, B. Bejo


    votre commentaire
  • Amour - de Michael Haneke (2012) - avec J.L. Trintignant, E. Riva, I. HuppertAmour - de Michael Haneke (2012) - avec J.L. Trintignant, E. Riva, I. HuppertDeux octogénaires (Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva), anciens professeurs de musique, sont quasi reclus dans leur appartement parisien, ne vivant plus que l’un pour l’autre et ne sortant que pour un concert, des courses ou l’enterrement d’un plus vieux.

    Alors qu’ils mangent tous les deux sur un coin de bureau, elle est victime d’une absence, un accident vasculaire cérébral transitoire. Pour éviter toute récidive, une petite intervention chirurgicale est effectuée à l’hôpital. Elle en revient hémiplégique. Le couple va alors se recroqueviller sur lui-même, n’acceptant qu’avec réticence l’aide du gardien ou de l’infirmière à domicile, et refusant à leur fille (Isabelle Huppert), musicienne vivant à l’étranger, de s’immiscer dans leurs choix de vie. Leur solitude à deux se renforce alors que l’état de santé de la vieille dame ne fait que s’aggraver. Le mari, déjà peu mobile, a de plus en plus de mal à assurer les tâches quotidiennes (la laver, la nourrir, converser) et maintenir ainsi sa femme dans la dignité. Comment peut-il porter seul à bout de bras leurs deux destins, dévalant la pente irrémédiable de la vieillesse et de la maladie vers la déchéance et vers la fin du voyage ?

    Haneke ne nous épargne rien de cette froide et clinique indécente descente aux enfers de deux êtres qui s’aiment d’un amour exclusif devenu impuissant ; un dénuement face au dénouement. Difficile à supporter, si ce n’est que d’admirer deux acteurs magnifiques.

    GLR

    Amour - de Michael Haneke (2012) - avec J.L. Trintignant, E. Riva, I. Huppert


    votre commentaire
  •  Dans la maison - de François Ozon (2012) - avec F. Luchini, E. Umhauer, K. Scott ThomasGermain (Fabrice Luchini) est prof de français dans un lycée de banlieue, désabusé par la médiocrité de ses classes et de ses élèves qui ne sont que des veaux. Il semble trouver un refuge intellectuel auprès de son épouse (Kristin Scott Thomas), gérante d’une galerie d’art et confidente de ses déboires pédagogiques.

    Le proviseur (Jean-François Balmer) se pique de remettre au gout du jour l’uniforme qui permettrait d’araser les différences sociales. En fait d’uniformes, Germain est navré de constater que ce sont les maigres dissertations de français de ces ados inconsistants qui le sont tout particulièrement. Pourtant, un récit sort du lot, celui de Claude (Ernst Umhauer), un élève pourtant taciturne et d’allure insignifiante. Son style indécent titille l’intérêt de Germain tout autant que l’histoire qu’il ébauche et qu’il termine, telle une Shéhérazade asexuée, par un « A suivre » provocateur et prometteur.

    A partir de cet instant, Germain va pousser son élève, lui fournir de salutaires lectures, chercher à développer ses dons. Mais qui dirige l’autre ? Les récits successifs de Claude sont-ils le fruit d’une imagination d’adolescent doué ? Y-a-t-il une part de réalité sur ses élucubrations lubriques mettant en scène la mère (Emmanuelle Seigner) de son copain Rapha qu’il manipule diaboliquement, une mère petite-bourgeoise et attirante qui exhale un « parfum de femme de la classe moyenne » ? A travers les récits de son élève, le professeur se fait voyeur pour assouvir sa curiosité intellectuelle mais aussi pour vivre son propre désir de création littéraire trop longtemps réprimé. Le professeur aurait-il trouvé son maître ?

    Un très bon cru d’Ozon et des acteurs justes, qui s’équilibrent les uns les autres.

    GLR

    Dans la maison - de François Ozon (2012) - avec F. Luchini, E. Umhauer, K. Scott Thomas


    votre commentaire
  • Camille redouble - de Noémie Lvovsky (2012) - avec N. Lvovsky, S. Guesmi, J. ChemlaCamille est une quadra paumée : une actrice insatisfaite réduite à des rôles insignifiants, une mère de famille aimante mais alcoolique, larguée par son mari Eric, unique amour de sa vie rencontré à 16 ans. Que peut-il lui arriver encore en cette soirée costumée de réveillon où sont réunies ses anciennes copines de lycée ? Aux douze coups de minuit, elle perd connaissance et se réveille 30 ans plus tôt.

    Si son apparence physique n’a pas changé et si ses souvenirs de quadragénaire sont intacts, elle est redevenue l’adolescente de 16 ans, hyperactive, réprimandée, oh ! surprise, par sa défunte mère poule (Yolande Moreau) et son bougon de père. Elle retrouve ses copines de lycée et rencontre de nouveau Eric. Lui est subjugué, comme la première fois ; elle a des sentiments contradictoires face au père de sa possible future fille, à cet homme dont elle sait qu’il finira par la rendre malheureuse. Va-t-elle le repousser au risque de renoncer à cette enfant ? Va-t-elle vouloir d’une autre vie ? Va-t-elle réussir à changer le cours de l’histoire familiale, à sauver sa mère de l’attaque cérébrale dont elle connaît déjà la date et l’heure ?

    Mais Camille n’est pas là pour changer le monde ; elle redouble pour trouver comment devenir soi tout en restant ce qu’on a été.

    Ce film est à la fois joyeux, dérisoire et emprunt de nostalgie tout en légèreté. On y voit un Jean-Pierre Léaud d’une inquiétante tranquillité et un Denis Podalydès devenir relativement adepte de potentiels futures ultérieures. Et l’optimisme nuancé de Noémie Lvovsky est communicatif.

    GLR

    Camille redouble - de Noémie Lvovsky (2012) - avec N. Lvovsky, S. Guesmi, J. Chemla


    votre commentaire
  • Quelques heures de printemps - de Stéphane Brizé (2012) - avec V. Lindon & H. VincentAlain, la cinquantaine, est dans la dèche à sa sortie de prison. Il est contraint de retourner vivre en province chez sa mère avec laquelle les relations ont toujours été difficiles. Ce sont deux taiseux, deux handicapés de l’expression, deux solitudes que les circonstances obligent de nouveau à se confronter, à s’affronter. Les relations entre le fils et sa mère sont emprunts de non-dits, de pudeur maladive, de ressentiments, d’ambigüités, liés à la fois à leur milieu social modeste, à leur histoire familiale et à leurs personnalités propres.

    En fouillant ses affaires, Alain découvre que sa mère est condamnée par la maladie et qu’elle suit une procédure suisse de suicide assisté. Si le regard d’Alain sur sa mère en est changé, il laisse peu transpercer ses émotions, si ce n’est à travers la violence de ses propos qui cache sa détresse sociale et son impuissance. Une impuissance à trouver le bonheur. Cette ultime épreuve, cette fin imminente, vont-t-elles permettre à ces deux êtres insatisfaits de se rapprocher ?

    Les scènes qui concernent la démarche du suicide assisté donnent à réfléchir. Elles sont sans fards, tantôt crues et touchantes dans le dialogue (« - Madame Evrard, est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez eux… une belle vie ? – Je ne sais pas, c’est ma vie – Oui, exactement, c’est votre vie, elle est unique »), tantôt froides et cliniques (les dernières scènes, dont on peut s’interroger sur la façon de filmer). Comme l’exige leurs personnages, Vincent Lindon et Hélène Vincent sont tout en retenue, en expression contenue, en bouillonnement intérieur.

    GLR

    Quelques heures de printemps - de Stéphane Brizé (2012) - avec V. Lindon & H. Vincent


    votre commentaire
  •  Monsieur Lazhar - de Philippe Falardeau (2011) - avec Mohamed FellagBachir Lazhar, la cinquantaine, est immigré algérien, refugié politique à Montréal en attente d’hypothétiques papiers libérateurs. Il se propose de remplacer au pied levé une enseignante de primaire qui vient de se pendre dans sa classe, découverte par deux gamins. Malgré le fossé culturel qui les sépare, ce maître d’école très « vieille France » et ses jeunes élèves québécois vont peu à peu mutuellement apprendre à se connaître, à s’apprécier et à se comprendre. En dépit des tragédies que vivent chacun de leur côté les élèves et leur professeur, ou bien grâce à elles et leur entrecroisement, ils vont tenter de retrouver un équilibre et rompre le silence, imposé par des parents et enseignants surprotecteurs.

    Bachir incarne l’intégrité en voulant enseigner, quand dans son pays, sa famille souffre et en saigne. La morale de cette histoire est aussi que les jeunes enfants ont moins d’a priori que les adultes et ont une capacité de reconstruction inégalable.

    Fellag est remarquable de justesse, de même que les deux jeunes protagonistes.

    GLR

    Monsieur Lazhar - de Philippe Falardeau (2011) - avec Mohamed Fellag


    votre commentaire
  •  Bowling - de M.-C. Mention-Schaar (2012) - avec C. Frot, M. Seigner, F. RichardQui veut la peau de la maternité du petit hôpital de Carhaix ? Plus connu pour ses Vieilles Charrues, ce village breton tente de maintenir en vie cette maternité à l’activité trop faible pour être rentable aux yeux d’un affreux directeur d’hôpital. Face au trio de copines Mathilde (Seigner) la sage-femme, Firmine (Richard) la puéricultrice et Louise (Laurence Arné) la propriétaire du bowling, qui défendent bec et ongles leur maternité, une quatrième femme, Catherine (Frot), directrice des ressources humaines, arrive comme un chien dans un jeu de quilles avec pour mission de faire le sale boulot.

    Tel D’Artagnan, Catherine se joint au trio pour mener le combat à leur côté, tout en appuyant l’équipe de bowling. Une DRH humaine, ce qui est plutôt inhabituel de nos jours, qui devra prendre de la distance avec un mari pédant englué dans un parisianisme grand-bourgeois. Même si les personnages sont bien joués et les dialogues parfois cocasses, on a du mal à rentrer dans cette histoire pas bien ficelée. Peut-être est-ce le fait d’un scénario approximatif, d’une absence de profondeur, de personnages caricaturaux. On va rapidement oublier.

    GLR

    Bowling - de M.-C. Mention-Schaar (2012) - avec C. Frot, M. Seigner, F. Richard


    votre commentaire
  • Adieu Berthe - de Bruno Podalydès (2012) - Avec V. Lemercier & D. PodalydèsArmand (Denis Podalydès) tient une pharmacie avec sa femme Hélène en région parisienne et prépare des tours de magie pour l’anniversaire de la fille de sa maîtresse Alix (Valérie Lemercier). L’indécision, notamment entre sa femme et sa maîtresse, caractérise son personnage. La brusque nouvelle de la mort de mémé, dont personne ne se souvient, nous amène à plonger dans l’univers froid du commerce des obsèques. De la cocasserie à l’absurdité, nous sommes invités à découvrir les joies de ce petit monde.

    Les personnages sont censés êtres désopilants. L’humour affiché, caricatural, tombe souvent à plat. Mise à part Valérie Lemercier, on croit peu aux personnages et aux situations. On fait jouer par exemple à Pierre Arditi un rôle d’amnésique qui frise le ridicule et nous incite à très vite oublier sa prestation. Burlesque ou ridicule ? Déception.

    GLR

    Adieu Berthe - de Bruno Podalydès (2012) - Avec V. Lemercier & D. Podalydès


    votre commentaire
  • Le grand soir - de Kerven et Delépine (2012) - avec B. Poelvorde & A. DupontelLa scène se passe dans le centre commercial d’une zone industrielle quelconque. Dans ce décor de film peu commun d’hypermarché, de rayonnages et lumières clignotantes, de snacks et commerces aux couleurs flashies, vit une famille. Deux frères aux vies totalement dissemblables. L’un est commercial dans un magasin de literie (Albert Dupontel), coincé dans sa « normalité ». L’autre (Benoît Poelvorde) a franchi les marges de ce fragile décor. Punk sans domicile, il déambule avec son chien. Un brin anar, il préfère sa liberté, même difficile, à la servitude volontaire de ses congénères. Les deux frères se côtoient sans se voir, sans même s’entendre (la scène d’ouverture est cocasse), lorsqu’ils se retrouvent auprès de leurs parents. Ces derniers tiennent le restaurant « La Pataterie » et depuis des années s’échinent à peler inlassablement des patates pour satisfaire les clients. Brigitte Fontaine est royale dans son rôle de mère un peu décalée.

    Mais le licenciement brutal de Dupontel fait basculer les barrières érigées. Il découvre alors l’autre monde de son frère, celui de la vie derrière le décor de carton-pâte jusqu’à vouloir tout faire sauter… Mais y aura-t-il un grand soir ?

    On n’est pas obligé de rentrer dans l’univers de Kerven et Delépine. Mais l’alchimie entre le sublime duo Dupontel-Poelvorde et un scénario tendrement acide fonctionne bien. Poelvorde pogottant face à la vitre fumée d’un restaurant devant le regard médusé des clients est hilarant… le décalage de ces mondes qui se rencontrent chaque jour en restant séparés par une vitre est bien là et la redécouverte de la vie par deux frères, ensemble, est réjouissante.

    Un film revigorant, en attendant que le grand soir s’étende à nos journées.

    BBLR

    Le grand soir - de Kerven et Delépine (2012) - avec B. Poelvorde & A. Dupontel


    votre commentaire
  • Indian palace - de John Madden (2012) - avec J. Dench, T. Wilkinson, M. Smith, B. NighyQuand on n’a pas le sous, que la vieillesse vous tend les bras mais que l’on désire pourtant prendre du bon temps avant que le temps vous rattrape, il y a une solution : aller vivre dans un palace luxueux de la très britannique Inde. Les motivations du voyage sont diverses, l’une vient se faire opérer à bas coût de sa prothèse de hanche, un autre cherche l’âme sœur, un couple en tension veut se détendre, une veuve va en quête de travail pour la première fois de sa vie, un homme est à la recherche de sa lointaine jeunesse passée en Inde et de son amour d’alors.

    Tous sont surpris par l’accueil dans un hôtel bien moins faste que ne le prévoyait le prospectus. Car le jeune Indien qui le dirige y a décrit l’avenir souhaité et non le présent moins féérique. Certains clients se considèrent trompés pendant que d’autres font contre mauvaise fortune bon cœur et découvrent, ou redécouvrent, les charmes d’une Inde faite de contrastes où la beauté côtoie le dénuement.

    Un film plein d’humour très British, de dérision et parfois de poésie. Les acteurs Judi Dench, Tom Wilkinson, Maggie Smith (le Pr McGonagall dans Harry Potter) et Bill Nighy (tiens ! lui aussi dans Harry Potter… mais surtout irrésistible dans Petits meurtres à l’Anglaise) sont parfaits. Malheureusement, les situations et notamment les rapports entre les protagonistes indiens sont vite peu crédibles, caricaturales et tournent au Bollywood, certes assumé. D’ailleurs, le jeune directeur du palace n’est autre que Dev Patel, le héros de Slumdog Millionaire…

    GLR

    Indian palace - de John Madden (2012) - avec J. Dench, T. Wilkinson, M. Smith, B. Nighy


    votre commentaire
  • Moonrise kingdom - de Wes Anderson (2012) - avec B. Willis, E. Norton, B. MurraySur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, pendant l’été 1965, le chef scout Ward essaie tant bien que mal d’inculquer à sa troupe de jeunes scouts de 12 ans les rudiments de la discipline et de la vie en commune-ôtée. Sam est un enfant surdoué très mal intégré dans ce monde où il est rapidement la tête de Turc. Il décide de s’enfuir et entraîne avec lui Suzy, jeune et belle ado du même âge. Suzy est une observatrice du monde (grâce à ses jumelles) et, comme toute ado qui se respecte, est incomprise de parents avocats dont les liens de couple se distendent.

    Sam et Suzy sont amoureux et vont ensemble à l’aventure. Ils découvrent le bonheur d’affronter la nature, de se découvrir mutuellement sans aucun masque. Les scouts menés par Ward (Edward Norton), les parents de Suzy (Bill Murray et Frances McDormand), le capitaine de police (Bruce Willis) et les Services sociaux (Tilda Swinton), chacun de leur côté, vont à la recherche des fugueurs.

    Un film plein de tendresse, d’humour, de vérité et de bonne humeur. Un moment rafraîchissant. Même le générique final est créatif et sympathique.

    GLR

    Moonrise kingdom - de Wes Anderson (2012) - avec B. Willis, E. Norton, B. Murray


    votre commentaire
  • Dark shadows - de Tim Burton (2012) - avec Johnny Depp & Michelle PfeifferAu milieu du 18e siècle, les époux Collins quittent Liverpool et prennent la mer avec leur jeune fils Barnabas pour commencer une nouvelle vie en Amérique, dans le Maine. Vingt ans plus tard et ayant fait fortune dans la pèche, Barnabas le séducteur règne sur la petite ville de Collinsport. Epris de la diaphane Josette, il commet l’erreur de résister au charme surnaturel de la belle Angélique Bouchard. Cette sorcière élimine sa rivale, lui jette un sort, le transforme en vampire et l’enterre vivant.

    Deux siècles plus tard, tel Hibernatus, il est libéré par hasard et débarque en 1972, tels les Visiteurs, dans un monde bien différent de celui qu’il a laissé. La sorcière est toujours là, bien vite à ses basques, alors qu’une jeune préceptrice, Victoria, évanescente comme Josette, vient s’occuper des enfants perturbés de la famille Collins.

    Du Tim Burton certes déjanté, mais de façon un peu poussive, sans véritable humour et sans aucun onirisme. Il est bien difficile de tuer des immortels ; dans cet esprit, l’une des scènes nous rappelle La mort vous va si bien. Mais les acteurs sont ici peu mis en valeur. Johnny Depp est raide comme la mort. Sans doute lui a-t’on demandé de l’être mais c’est bien dommage. On n’y croit pas et on n’est pas happé par ce scénario plutôt convenu.

    GLR

    Dark shadows - de Tim Burton (2012) - avec Johnny Depp & Michelle Pfeiffer


    votre commentaire
  • Barbara - de Christian Petzold (2012) - avec Nina Hoss & Ronald ZehrfeldRDA, 1980. Barbara, médecin à Berlin Est et accusée de vouloir passer à l’Ouest, est mutée dans un petit hôpital de province. Ses soupçons vis-à-vis de son voisinage et de ses collègues rendent cette belle jeune femme froide et distante. Les fouilles et vexations dont elle est l’objet dans l’appartement sinistre que les autorités lui ont alloué renforcent sa méfiance, y compris vis-à-vis d’André, le médecin chef de l’hôpital pourtant prévenant, attentionné, tout en rondeur et en douceur.

    L’histoire personnelle d’André et la confiance professionnelle qu’il lui témoigne finiront-elles par dissuader Barbara qu’il est chargé de l’espionner ? Les relations humaines tissées avec certains malades vont rapprocher les deux médecins, même si leurs approches et leurs motivations sont différentes. Mais beaucoup de mystères persistent tout au long du film sur leurs histoires respectives. Un film tout en retenu et ponctué de silences assourdissants.

    Ce film respire l’humanité, avec son lot de vilénies propres à l’Allemagne de l’Est, l’ambigüité des sentiments dans une ambiance de délation et les choix parfois terribles face à l’adversité. Les personnages sont justes, servis par des acteurs sobres et attachants.

    GLR

    Barbara - de Christian Petzold (2012) - avec Nina Hoss & Ronald Zehrfeld


    votre commentaire
  •  Twixt - de Francis Ford Coppola (2012) - avec Val KilmerL’écrivain oublié Hall Baltimore sillonne les Etats-Unis pour tenter de vendre ses écrits vains. Ses romans sur la sorcellerie n’ont en effet que peu d’écho auprès du public et il traîne ses guêtres, sa queue de cheval, son embonpoint bouffi d’alcoolique nonchalant pour essayer de survivre, et d’oublier un passé bien amer.

    Dans une petite bourgade minable, il n’y a pas de librairie, et il fait donc la promotion de ses livres dans la quincaillerie. Le shérif Bobby LaGrange entraîne Baltimore dans une mystérieuse histoire de meurtre local dont la victime est une jeune fille et le persuade qu’ils doivent écrire ensemble un roman policier. Baltimore rencontre en rêve le fantôme d’une adolescente d’allure gothique dont le lien avec le meurtre est mystérieux. Mais c’est là un passionnant sujet pour un prochain roman. Il lui faudra alors naviguer entre le rêve et la réalité, et revenir à ses souvenirs douloureux pour démêler l’écheveau.

    Le film de Coppola mélange noirceur, onirisme, gothique, mais frôle parfois le grotesque. On a donc du mal à se projeter dans l’histoire. Il y a heureusement des côtés positifs : un Val Kilmer juste, attachant, désabusé et plein d’autodérision, avec une scène hilarante quand il essaie vingt fois de débuter son roman. Et la rencontre originale de ce romancier minable avec le jeune Edgar Allan Poe. Et quelques instants de féérie dans les passages oniriques.

    GLR

    Twixt - de Francis Ford Coppola (2012) - avec Val Kilmer


    votre commentaire
  •  Les vieux chats - de S. Silva & P. Peirano (2012) - avec B. Castro, C. Celedón, C. Saavedra…Isidora et Enrique, octogénaires, vivent avec leurs deux vieux chats dans leur appartement de Santiago du Chili situé au 8e étage. L’ascenseur est de nouveau en panne, clouant Isidora chez elle en raison de ses difficultés de mobilité. Elle commence aussi à souffrir de quelques absences. Enrique est au petit soin pour sa femme. Dans cette ambiance paisible, Rosario, la fille tumultueuse et cupide d’Isidora, et sa petite amie Beatriz/Hugo viennent troubler leur quiétude.

    C’est un film à la fois sur le couple âgé dont l’autonomie risque d’être mise à mal, sur les difficultés de relation entre mère et fille dont les racines sont probablement profondes, sur le mal de vivre d’une quadragénaire et sur l’acceptation du couple homosexuel. Un film avec de nombreuses longueurs mais qui sont justifiées pour asseoir les difficultés de la vieillesse et les relations entre les protagonistes. Une ambiance de huit-clos parfois pesante, forte heureusement contrebalancée par des instants de grâce. L’interprétation est impeccable.

    GLR

    Les vieux chats - de S. Silva & P. Peirano (2012) - avec B. Castro, C. Celedón, C. Saavedra…


    votre commentaire
  •  38 témoins - de Lucas Belvaux (2012) - avec Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole GarciaDécidément, Le Havre a le vent en poupe dans les productions cinématographiques récentes (après Le Havre et La Fée). Le revers de la médaille : c’est peut-être l’ambiance morose et grisâtre de cette ville portuaire et industrielle qui attire les réalisateurs… (« pourquoi les quais du Havre sont gris ? » ça ne vous rappelle rien ?).

    Car 38 témoins est un film noir qui se déroule dans une ville morne. Noir est le meurtre d’une jeune femme en bas de son immeuble, baignant dans son sang. Noire est la non-assistance du voisinage. Cette inertie « témoigne »-t-elle d’une paralysie liée à la peur, d’une indifférence, d’une impuissance ? Le constat est pourtant là : personne n’a rien entendu. L’enquête policière s’avère ardue.

    Pierre vit avec Louise. Tous deux travaillent au port, l’un pilote les monumentaux porte-containers vers les quais du Havre et l’autre s’occupe au bureau du remplissage de ces mêmes porte-containers. Elle était en voyage et lui présent lors du meurtre. Il fait donc parti des témoins qui n’ont rien entendu. Il ne parle pas. D’ailleurs c’est un taiseux. Mais le souvenir de ce qu’il a entendu et vu le hante et bouleverse profondément sa conscience. Son comportement va « témoigner » de sa volonté d’obtenir non pas l’absolution mais la justice et le jugement, au risque de faire exploser sa vie et celle de ses concitoyens. Mais une justice peut-elle poursuivre autant de faux-témoins ? Un beau film qui nous questionne sur notre quête de vérité, à l’image d’une journaliste (Nicole Garcia) ou d’un procureur (Didier Sandre), tous deux très convaincants l’un dans ses cheminements l’autre dans ses positions.

    Yvan Attal est d’une grande justesse. Comme d’habitude.

    GLR

    38 témoins - de Lucas Belvaux (2012) - avec Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia


    votre commentaire
  •  Le fils de l’autre - de Lorraine Levy (2012) - avec E. Devos, P. Elbé, J. Sitruk, M. ShalabyAlors qu’il s’apprête à intégrer Tsahal pour son service militaire, Joseph découvre qu’il n’est pas le fils biologique de ses parents. Il a été échangé à la naissance avec Yacine, fils d’une famille palestinienne de Cisjordanie, parti faire ses études de médecine à Paris. La vie de ces deux familles est alors bouleversée et chacun doit reconsidérer ses valeurs et ses convictions.

    Les pères, l’un d’origine française et colonel dans l’armée israélienne, l’autre ingénieur de formation réduit à réparer des voitures en raison des limitations de déplacement imposées par l’occupant, prennent en pleine face l’image projetée d’eux-mêmes qu’ils se faisaient de leurs fils respectifs. C’est l’amour inconditionnel des mères qui permet d’aller de l’avant : l’amour dépasse les liens biologiques. Dans ce monde où les adultes sont pleins d’aprioris, Joseph et Yacine vont tenter ensemble de se construire, avec l’aide du frère de Yacine, un temps déboussolé. Qu’est-ce qu’être Juif ou Arabe ? Ces concepts abstraits peuvent se mélanger, s’inverser, et ne plus être figés par les certitudes des hommes. Les laissez-passer viendront du cœur.

    L’interprétation est excellente et on a plaisir à revoir le lumineux Mahmud Shalaby (le frère de Yacine, qui jouait dans Une bouteille à la mer) ainsi que Khalifa Natour (le père de Yacine, qui jouait dans La visite de la fanfare).

    GLR

    Le fils de l’autre - de Lorraine Levy (2012) - avec E. Devos, P. Elbé, J. Sitruk, M. Shalaby


    votre commentaire
  •  La terre outragée - de Michale Boganim (2012) - avec Olga KurylenkoLe 26 avril 1986, à Pripiat situé à quelques kilomètres de Tchernobyl, Anya et Piotr célèbrent leur mariage par une belle journée de printemps. Un petit garçon, Valery, et son père Alexeï, ingénieur à la centrale, plantent un pommier au bord de la rivière. Pendant ces scènes heureuses de la vie courante et au sein de ce paisible paysage bucolique se trame le drame invisible et inodore à la centrale nucléaire, que seuls perçoivent les animaux. Piotr, pompier, est réquisitionné pour éteindre un soi-disant incendie dont il ne reviendra jamais.

    Alexeï, réduit au silence par les autorités, organise immédiatement la fuite de sa famille et cherche désespérément et de façon dérisoire à protéger ses concitoyens en distribuant des parapluies censés éviter les pluies radioactives, ou en essayant vainement de dissuader de consommer une viande déjà contaminée. Avec une désinvolture à l’égard de sa population et un retard criminel, les autorités organisent froidement et brutalement l’évacuation des populations qui ne laissent rien derrière elles.

    Dix ans plus tard, Pripiat est devenue une ville fantôme attirant un tourisme très particulier. Anya a appris le français et fait la guide touristique de son village natal 15 jours par mois, le maximum autorisé compte tenu des radiations persistantes. De son côté, Valery est à la recherche de son père disparu. Ici et là, tel ce forestier qui persiste à cultiver son jardin empoisonné, quelques personnes ne sont jamais parties de cette terre désormais maudite mais qui est la seule sur laquelle il vaille la peine de vivre. La terre comme les cœurs sont restés figés.

    Dans cette désolation chaque personnage est un hymne à la vie et une quête du bonheur.

    GLR

    La terre outragée - de Michale Boganim (2012) - avec Olga Kurylenko


    votre commentaire
  • Young adult - de Jason Reitman (2012) - avec Charlize TheronElle a la quarantaine, elle est blonde, elle est jolie, elle vit à Minneapolis et écrit des romans à l’eau de rose pour ados. Elle représente pour la petite ville provinciale dont elle est originaire l’archétype de la réussite sociale. Et elle est restée dans sa tête et dans son apparence la même jeune fille canon que tous les garçons voulaient se brancher et à laquelle toutes les copines voulaient ressembler. C’est avec cette illusion qu’elle va faire tout pour séduire son ex-petit ami devenu un mari et un papa rangé.

    C’est avec le vilain petit canard de l’époque, insignifiant, introverti, laid, tordu et alcoolique qu’elle se découvrira le plus d’affinités et de ressemblances. Une attirance paradoxale qui fait le seul intérêt du film.

    Cette exaspérante femme fatale va mettre la pagaille dans les esprits de cette petite société d’apparence étriquée. Sans en tirer aucune morale. Un petit jeu malsain dont on ne sort ni ébloui, ni réjoui, ni effondré. Une indifférence qui témoigne de l’insipidité.

     GLR

    Young adult - de Jason Reitman (2012) - avec Charlize Theron


    votre commentaire
  •  Les adieux à la reine - de Benoît Jacquot (2012) - avec Léa Seydoux & Diane Kruger14 juillet 1789… les échos de la prise de la Bastille se répercutent entre les murs du palais de Versailles, des cuisines à la chambre de la reine... Dans une petite chambre destinée aux servantes de l’immense palais, une jeune fille se réveille grâce à une belle horloge qui semble peu adaptée à sa mansarde. Sidonie a la mine chiffonnée du réveil mais il faut qu’elle s’active, qu’elle court car la reine a changé de lieu pour dormir… elle se trouve au petit Trianon. Sidonie est la lectrice de la reine. On ne connaît que peu de choses d’elle, hormis son goût pour les livres et son adoration pour la reine, auquel elle se voue corps et âme… Dans ces moments de tourmente, dans ces moments où les destins basculent, jusqu’où iront ce culte et cet amour ?

    Elle connaît mieux que quiconque les goûts de la reine, ses préférences dans le rêve, son théâtre intérieur… elle apprend aussi ses multiples facettes et est même jalouse de l’amour de la reine pour sa chère Polignac...

    Vous l’aurez compris, vous ne verrez rien de la prise de la Bastille, enfermés que vous serez dans le château de Versailles, entre cette cour qui accourt, cette cour servile qui pourtant pour partie se défile quand le danger apparaît, avec également certains membres de la cour ou des serviteurs plus dignes de l’État royal. Surtout, le réalisateur Benoît Jacquot nous fait entrer dans l’intimité du quartier de la reine, de ces femmes qui la détestent ou l’adulent, la servent en toute honnêteté ou en cherchant à la voler. Il nous laisse à voir une Marie-Antoinette à la fois capricieuse, frivole et follement aimante, en prise avec son destin de reine… et les relations, les regards entre la reine et sa lectrice sont forts et émouvants, souvent silencieux mais emplis de…

    L’esthétique est parfaite. Les couleurs et les robes éblouissent tout autant que les rats, les murs lépreux des communs nous rappellent les réalités masquées par les dorures. Léa Seydoux et Diane Kruger sont toutes deux magnifiques et le film rend admirablement les angoisses portées par les rumeurs... bien qu’il reste relativement éloigné de notre quotidien actuel mais peut-être pas tant de celui qui règne aujourd’hui dans les salons du pouvoir…

    BBLR

    Les adieux à la reine - de Benoît Jacquot (2012) - avec Léa Seydoux & Diane Kruger

     


    votre commentaire
  •  Extrêmement fort et incroyablement près - de S. Daldry (2012) - avec T. Hanks & S. BullockOskar Schell (Thomas Horn) est un garçon de 11 ans surdoué et hypersensible. Il vit et revit avec obsession le « pire jour », celui où son père a trouvé la mort dans les tours du World Trade Center. Les liens qui unissaient le père et le fils étaient d’une rare qualité, faite de complicité, de compréhension mutuelle, d’intelligence.

    Ces liens ne peuvent disparaître avec la mort du père. Et ce n’est pas un hasard si Oskar découvre une clef dans les affaires de son père. Pour renouer avec son père, il doit trouver la serrure correspondante en sillonnant une ville hostile et mystérieuse, et surmonter ses peurs en demandant l’aide de New-Yorkais inconnus, comme lui traumatisés par les attentats, et qui ont pour seul point commun de se nommer Black. Il devra aussi obtenir l’aide du locataire (Max von Sydow) de sa grand-mère, taciturne, mystérieusement muet et pourtant si bavard. C’est à ce prix qu’il pourra surmonter son sentiment de culpabilité, et accepter que ni lui ni sa mère n’aient pu se substituer à son père le pire jour.

    Tom Hanks est égal à lui-même, juste et attachant. Sandra Bullock est étonnante de sobriété, pour un rôle pour une fois à sa hauteur. On est content de ne plus voir l’excellent Max von Sydow cantonné au rôle du méchant de service. Quant au jeune Thomas Horn, il est probable qu’on le reverra.

     GLR

    Extrêmement fort et incroyablement près - de S. Daldry (2012) - avec T. Hanks & S. Bullock

     

    Voir aussi l’opinion sur le livre de Jonathan Safran Foer « Extrêmement fort et incroyablement près »


    votre commentaire
  • Et si on vivait tous ensemble ? - de Stéphane Robelin (2012) - avec P. Richard, J. Fonda,…Cinq septuagénaires, amis de quarante ans, sont amenés à vivre ensemble et doivent se tenir les coudes face à l’adversité. Cette promiscuité est épanouissante pour certains, dérangeante pour d’autres et réveille de vieux souvenirs.

    Pierre Richard (Albert) commence à perdre la mémoire ; il a un rôle tout en finesse qu’il assume avec un naturel et un brio remarquable. Jane Fonda (Jeanne) est superbe, pleine de naturel, de spontanéité et de vie malgré la maladie qui s’installe. Elle engage avec Daniel Brühl (Dirk), un jeune Allemand étudiant en ethnologie, un lien d’amitié simple, profond et désarmant. Claude Rich (Claude) joue admirablement le célibataire séducteur, qui aime le corps de la femme et photographie avec poésie les prostituées qu’il côtoie. Géraldine Chaplin (Annie), toujours chat écorché, s’équilibre avec son volubile mari Guy Bedos (Jean), syndicaliste infatigable.

    C’est une comédie tendre, charmante, touchante et qui sonne juste. Parce que les personnages sont interprétés de façon brillante et que les situations et les dialogues coulent avec bonheur.

     GLR

    Et si on vivait tous ensemble ? - de Stéphane Robelin (2012) - avec P. Richard, J. Fonda,…


    votre commentaire
  • Les nouveaux chiens de garde - de G. Balbastre et Y. Kergoat (2011) - documentaireQuatorze ans après le livre de Serge Halimi, publié en 1997, ce film éponyme, dont Halimi est coscénariste, dissèque les relations incestueuses entre les médias et le pouvoir, qu’il soit politique ou économique. Les journalistes sont, dans leur très grande majorité, affidés à ces pouvoirs, le plus souvent de leur plein gré et c’est ce qui fait peur. On observe les fameux experts, toujours les mêmes, les Alain Minc et autres Daniel Cohen, invités sur toutes les chaînes pour nous rabâcher les mêmes rengaines frelatées, et qui viennent et reviennent encore même après s’être trompés, nous avoir re-leurrés et re-re-abusés.

    On connaissait le Pujadas intimant au syndicaliste CGT de l’usine Continental de Clairoix, Xavier Mathieu, l’ordre d’appeler ses collègues à arrêter la violence faite à quelques ordinateurs sans prendre la mesure de la violence sociale faite aux travailleurs en passe d’être licenciés. Cette interview avait été décortiquée par Pierre Carle dans son film sur les affres de TF1, Fin de concession. On découvre ici un Yves Calvi tenir le même rôle si peu professionnel avec un éducateur de banlieue qui ne manque alors pas de sang froid pour ridiculiser le propos. On retrouve un ancien Michel Field en noir et blanc, soixante-huitard prônant la violence, devenu le sage défenseur de décideurs-employeurs. On contemple avec effarement ces « ménages » acceptés par de nombreux journalistes peu regardants sur l’éthique de leur métier lors de colloques d’entreprises, payés à la démesure, à l’image d’une Isabelle Giordano qui ne semble pas à un Service pas très public près.

    Ce film est un pamphlet bourré d’humour, pas un instant ennuyeux. L’ennui, c’est que ce qu’il décrit dure et perdure pour longtemps encore.

     GLR

    Les nouveaux chiens de garde - de G. Balbastre et Y. Kergoat (2011) - documentaire


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique